La probable



En physique quantique on ne peut pas prédire avec certitude la position d’une particule. Cependant on admet que s’y compose la variable du temps, comme un métabolite structurel, et l’évènement à venir tout comme l’évènement tel qu’il était avant de se réaliser concourent en sens opposés et se projettent l’un vers l’autre sur la même ligne horizontale du point initial étiré par ses propriétés de temporalité, outil du temps, par la même particule, et l’angulation de leur rencontre au choc produit le volume positionnel à partir duquel peut être calculée la probabilité de l’emplacement de l’évènement, déterminé par toutes les conjonctions des affrontements particulaires qui ont été ou seront probables.

 

En somme il est impossible de prévoir la position d’une particule malgré toutes les variables maitrisées, le passé et le futur s’élancent l’un vers l’autre et produisent une solution originale, le résultat est imprédictible puisqu’il fait intervenir une donnée qui n’est pas maîtrisable par l’observateur, on peut juste en donner la probabilité. Une façon d’affiner le calcul serait d’admettre que la particule est dans un endroit délimité par des strates évènementielles qui se chevauchent dans l’infinitésimal. Tu vois où je veux en venir.

 

De sorte que rendre compte d’un être ou d’une histoire au plus près de la vérité, dans la présentation d’un monde qui s’appelle lui-même de ses vœux, dans sa chimère, dans ses suppositions, dans ses erreurs, dans ses approximations, un monde palpable, un monde de chair, de sang et de foutre, le plus précisément possible, le plus viscéralement possible, c’est regarder le personnage depuis l’extérieur et agencer ses couches existentielles au fur et à mesure, tourner autour, et ne jamais parler en fonction de, par interio. C’est être à l’extérieur, à se regarder soi même, et se considérer comme insoluble dans le temps, seule reste une prédiction sensible des évènements, à la lecture de la façon qu’ils ont de s’influencer.

 

D’où là où je suis et tu ne me connais pas. Celui là que je suis change à chaque saut d’instant maintenant et encore un maintenant, le même dans sa substance, et c’est à chaque fois moi-même, c’est une question de distance je suppose, si tu veux faire de moi ton objet il faudra que tu reconnaisses en moi les propriétés, formes et structure, et que tu t’assures de moi et de ce que je suis par les sens. D’une façon ou d’une autre il va falloir y venir.

 

Comme être là n’est pas plus qu’une probabilité il va falloir provoquer des chevauchements, d’où l’originalité de la démarche radicale que j’ai choisi pour arriver à te connaître : pour le dire encore plus clairement on arrive à une parfaite concordance entre ce que tu es et ce que je crois que tu es quand j’occupe tout un espace de toi par empilements et plateaux propositionnels, quand je multiplie les prises, quand je dilacère les protections par des visions tranchantes, les agencements positionnels en angles aigus, les mots crachés au bassin, chacun des sens invalidé car saturé, oui tu vois ça c’est un corps, et le tien, sans présumer de ce que tu es, je vais le remplir, c’est là qu’il faut en arriver et s’il faut y retourner je recommencerai.

 

Je fais comme si je ne te connais pas. Tu restes inaccessible. Echappe moi, évite moi, le phénomène montre la structure telle qu’elle est, tu ne veux pas me voir, je veux dire tu ne peux pas vouloir me voir vraiment, évite la lumière, ne devient pas visible, deviens l’étrangère échappée, reste à ravir.

 

Disons que dans un référentiel donné je cherche où tu es, ou plutôt ce qui se compose là et dont les propriétés se rapprochent le plus de toi. Tu es une possibilité.


Bande son idéale: Eagles of Death Metal - Wanna be in L.A.