La marge anale / trouée métaphysique




Tu es où ? Avec qui ? J’arrive (salope/ma vérité). Dans cette privation de toi, c’est là que je suis sensible au fait que tu n’es pas là, c'est-à-dire que tu es véritablement quelque part, et alors que tu existes en fait. Je est un problème, et qui prend sa source dès que je m’adresse à toi, par là même que toi tu es, ce qui se discute encore, il faut faire un effort de conceptualisation pour consentir à toi, c'est-à-dire à tout autre que moi.

Ce je qui est moi et que je ne connais pas est celui qui se réalise absolument dans ce qu’il doit être par lui. Je est le souci qui se projette par devant, il n’a pas de présent, il n’a pas de substance si ce n’est sa propre réalisation. Je-réalisé vient du futur, il est celui que je tends à être, dans l’acte c’est la somme de mes étants qui se projette, mais ce je vers quoi il tend le regarde et lui donne sa fonction d’être, de façon à la fois visionnaire et rétrospective, et se répète par l’intentionnalité rétroactive. Je est, mais son présent n’est pas.  Je sera la répétition de l’était vers l’être-à, dans les deux sens.

Pour autant je est celui qui choisit d’exister en fonction de toi – puisque tu es tous les visages de l’Autre je n’ai pas le choix en fait, ça ne se discute pas, viens par là. Dans le monde présupposé comprendre que ton je et le mien ne se rencontrent pas, ils se frôlent, seuls leurs présupposés sont accessibles.

La parole est l’existence concrète de ce je qui se réalise par devant toi. C’est un corps sans organe, ce qui est loin de convenir à ce qui nous concerne ci devant. Je est alors impeccable et pur, et pure est toi c’est là l’entité la plus absolument détachée de toi que j’embrasse, là où je m’échappe, là où ma substance est soluble, dans la pensée qui se mord la queue et se refuse, et c’est là que mon je est à réaliser : attoucher à ce quant à toi tu. Pour ce faire, c’est dénier sa pureté, celle de toi, pour cerner, épuiser et percer bien au fond ce qui te compose en dernier lieu, extraire ta substance au néant et punaiser  la forme qu’elle est sur le mur à voir, en abîmer la pureté par le seul fait d’être ici, devant toi, devant elle mais par elle (pour l’être ontologique il faut porter atteinte). Je est une pathologie mentale et cette maladie qui s’étend, qui avance, j’en ressens les symptômes, c’est s’extraire du monde, et cet immonde, c’est toi.

En somme je, celui là, est, à l’hypogée du pubis et un peu en dedans de la ligne pectinée, à la périphérie concrète et plissée de ta marge anale, la réponse exacte qu’il convient de fournir à ton toi quand tu veux que je te (ci devant quand je est derrière tu).

Je te pénètre. Je prends connaissance de ce que tu es, et plus encore de ce que je est infiniment par toi (dans la répétition de ce vers quoi je tend). Et la façon que j’ai de baiser toi, c'est-à-dire de circonscrire mon existence par la tienne, quand ce que mon être n’a plus d’autre considération que ce que tu es en vrai (le terme est impropre je devrais dire au fond) est là ce que je suis/est - je ne le peux que par toi dans l’étant moi, c'est-à-dire que tu fais de moi enfin ce je qui est. Comme Heidegger est dans Hannah Arendt quand elle lui murmure fais de moi ce que tu veux, j’imagine la surprise et la puissance de déduction qui s’en suit, c’est en effet sois ton propre toi par moi, comme deviens ce que tu es dans mon cul. L’enculait-il ? Sauf respect, dans la terminologie la plus pure, c'est-à-dire la plus déréalisée et aux limites du langage, par la phénoménologie la plus extrême, Heidegger attendait-il de l’anus de sa maîtresse un signe quelconque ? Il convient d’éplucher tous les phénomènes. Jusqu’à l’essence pure de l’être extrait de ce je du monde, je est le toi de moi mais je est le moi de toi. Tu est qui je.


Bande son idéale: Jeremy Jay - Slow dance