Homo virtualis/sed red (= E79)


=E79 / ses recherches sur l’intertextualité sont une mise en abîme : un auteur peut devenir un personnage d’encre et de papier, il suffit de lui prêter non plus une voix mais une fonction objective et autonome, il suffit de s’écarter et de prendre de la distance, alors le lecteur sort du cerveau et se met à l’observer, faits et gestes consignés à chercher un sens à chacun de ses pas, à chacune de ses interventions, témoin absolu d’un univers dont le démiurge authentique, l’auteur préalable, serait dessiné à l’arrière plan, souvent sans même le droit à la parole, car le faire parler le démasquerait et le personnage papier perdrait son énigmatique réalité, toute entière fondée sur une illusion, le véritable auteur fait de nous des êtres de papier recyclable dans un livre qui n’est pas le nôtre, nous échangeons notre intertexte à des distances de là, dans d’autres pages, que nous ne lirons pas, et les pages qui nous concernent convoquent en strates la subjectivité mouvante de tout ce qui nous entoure, et qui se répercute aussi en écho encore ailleurs, écoulements s’altérant eux-même et prenant de nouvelles significations, réseau maille en expansion, je peux créer mon propre inter texte au format préalablement défini mais les personnages ne doivent jamais savoir, il y a cette barrière qui interdit de révéler, imaginons un personnage qui sait ce que je suis quand je lui donne vie, en quelque sorte c’est lui qui me fait, comme l’homme ne saura jamais vraiment ce qui l’a fait, ni ne saura ce qu’il est, et aussi son état à bien y réfléchir/après l’avoir fait réfléchir, il ne pourrait que l’accepter, pas de modification possible, pas de réflexion, au sens d’agissement miroir, car ce à quoi il obéit alors ce n’est pas seulement à la volonté que je lui impose, fût-ce là la volonté qu’il sache, et dont il n’est que l’objet indirect, mais c’est à la continuation du récit qu’il doit ses ordres, comme le fil absolu qui nous lie lui et moi, lui donner la possibilité d’agir et de couper ce lien signifierait la fin de la ligne, il n’est libre d’exister que dans la mesure où le récit le contraint, la fin de cet échange se signe par la fin du récit, et nous imaginons l’homme de papier vaquer à ses occupations, penser par lui-même dans un coin du cerveau, mais dans notre cerveau, cette méta logique ne peut se défaire, ou bien le récit s’interrompre – mort de l’auteur peut-être, et notre personnage devient amplement libre de ne pas exister // E9A8://=B749 ! et à quoi pensent-ils tous ces hommes dupliqués dans le virtuel ? quels sont les fondements psychologiques des personnages dans nos rêves ? après ces secondes de semblant d’existence, une fois les yeux ouverts, que deviennent toutes leurs intentions ? elles ne disparaissent pas, elles se répercutent, elles font leur chemin, elles se matérialisent dans corps réceptacle, elles en modifient les termes, elles se passent de main en main comme ballons d’énergie, et si je pense à toi alors quand tu n’es pas là, que deviens tu lorsque j’ouvre les yeux ? – je bande, comment expliques tu cela ?//CV87=BXT209/// et tu existes absolument quand je te couche ici à mettre ce que je veux sur ton corps, ce n’est pas une menace, c’est une intention que je t’observe, tu modifies toi aussi mon comportement par ton existence suspecte, mais la somme des parties ici n’est pas équivalente au tout, puisque dans le remodelage je peux te recomposer à l’infini, t’articuler les dents avec les genoux, te faire marcher étrangement et te réinventer des mots, des expressions, explorer ton corps de toutes mes façons, c’est te déconstruire, c’est te refuser le droit par toi-même, c’est acquérir ta licence, et la seule façon de te retrouver en entier c’est de m’éloigner, alors tu rentres à peu près dans mon champs visuel mais tu n’es pas assez près pour que je puisse te toucher, ce qui peut manquer d’intérêt –bien sûr, la délicatesse des mots et de l’amour courtois mais le désir a sa place et prend position pour une réalisation à court terme, autrement dit je ne sais plus ce que tu es quand je suis près de toi, je sais juste ta peau, tes yeux, ton cul, ton odeur, et ce que je sais aussi c’est la forme désassemblée que tu prends dans mon esprit, des jambes immenses, un cul très haut, des seins qui ne demandent qu’à jaillir, des lèvres charnues, des cheveux pour agripper, un sexe béant et ouvert, comme une bouche mais en plus irrigué (tu n’as pas le dos du genoux, pas de lobe d’oreille, d’ailleurs pas d’oreille, pas de dent, pas de troisième orteil : j’y suis peu sensible):!! XO45=26EE
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Bande son idéale: School of Seven Bells - Limb by Limb