Crème de menthe sur cuir rouge et pastis



Tentative de revivre l'instant, se souvenir. Mouvement pour une perspective temporelle sous une forme acceptable, ensemble des faits réels et imaginaires mis bout à bout pour en arriver là. Remonter jusqu'en haut de l'arborescence, déductions à rebours. Recomposer le passé, puis réinventer le présent. Une certaine forme de réalité qui se matérialise. Livré au rêve dans un espace exigu. Fil attaché au plafond d'un véhicule lancé à pleine vitesse mais immobile pour un volume d’attraction par tous les sommets. Les parties s’exercent à de nouveaux rapports, et persistance inquiétante au contact d'une nouvelle géométrie d'intention. En somme, tout va pour le mieux. En somme, un grand lustre au hasard. Oui, mais c'est un lustre objectif, et qui en impose à tous les chambranles de porte. La réalité est une onde qui se répond à elle même dit Eric de la Joya, nous sommes des vibrations chacun sur une certaine fréquence dans la théorie physique des supercordes. Au Dash, DJ Valhala et Roméo de Marseille réinventent le custom digital. Crème de menthe pour moi, pastis délicat pour Nataliana, je porte un jean noir slim Myaki, des bottines caramel vieillies et croûtées de cire chaude, une chemise à gros carreaux bleue négligemment ouverte sur un tee shirt orange My lips is Your lips, et des lunettes Infinit blanches (montures à rayures rouges/bleues selon la lumière), code sensuel et discret pour initiés - urbain et définitivement contemporain. Au Panic! Axel Brie de Maux et Was is Was animent la soirée RSPCT (Rebel Similitude Party Currency Tactile). Dans l'immense atelier en pierres apparentes reconverti pour l'occasion en labyrinthe mental, des pièces qui s'ouvrent sur d'autres pièces comme des roses mystiques. Des invités incognito derrière un masque de lucha libre. Strip tease à la demande d'une jeune mannequin paraguayenne. Deux mages sikh appuient sur tes yeux et t'imposent leurs visions. Dans la salle au fond, spectacle comique érotique et vain, sept minutes de danse rotative d'une femme à la peau talquée. Le long couloirs souterrain se transforme en corridor à explorer, sorte d'énigme psychique d'importance primordiale. Joachim(exakaLulu) a un sens de l'orientation tout particulier, on pousse plus loin et dans le noir, les évènements se précipitent, Nataliana est en robe fendue et ses petits talons cherchent appui dans la poussière du sol, certains prises sont assurées et d'autres échappent à tout contrôle, nous ne sommes pas seuls, des ombres nous observent, on ressort à l'autre bout de la rue par une porte en fer rouillée qui grince comme dans un film. Je me rends compte que j'ai du tomber trois ou quatre fois à la recherche d'un équilibre particulier, mes vêtements, mes cheveux sont recouverts de cendre, j'ai une plaie ouverte à la main et qui saigne: vintage et clinique à la fois, rouge sur blanc aussi d'un certain point de vue. Sloane est non négociable ce soir, pantalon de cuir moulant noir Herman H, le doux frottement de cette peau contre sa peau au son bien appuyé nous provoque à chacun des mouvements qu'elle exagère de façon délibérée. Raymond le Dog est à Cannes au Balroom pendant le Midem, backstage à boire de la vodka sirupeuse avec deux hollandaises du groupe Spankme pendant les DJ set de ElectroVaillant et Myjuicerecords, une bouffée de madeleine au téléphone, souvenirs, entrées que nous faisions par la cuisine du Martinez quand nous avions seize ans pendant le festival, les concours de pompes à même le sol pour impressionner une animatrice météo, les irruptions sans crier gare dans les chambres d'hôtel qui servaient pour l'occasion de salons de réception discrets et assez particuliers, les passages sur les plateaux TV, à boire au bar en coulisse des cocktails punch coco en compagnie d'actrices débutantes à l'accent chantant et à la naïveté éreintante en se faisant passer pour les agents d'un producteur italien. Little Joe lui appelle de South Brooklyn Central, le commissariat, où il a droit à un coup de fil et ce n'est pas très malin car il préfère me raconter sa vie plutôt que de prévenir son avocat - communication interrompue depuis l'espace. Au même moment, c'est la soirée évènement au PE pour le retour de Jean Louis C, propre sur lui du surcroît. Où l'on croise Sebastien T de retours de Majorque et aromatisé au Metropolitan, et aussi LolitaP en robe rouge quadrillée qui nous parle de ses amis formidables dans le Zurich underground (au Paradisio). Brodinsky, Valinsky, Courtevilsky et Alvin VonNada forment le collectif Presque-sky, une interprétation sonore et puissante à huit bras d'une nécessité sombre qui précède de peu la fin du monde logique. Au B, Metal Soap Orchestra et Tartine de Foie font irruption aux platines pour un mix spontané. Là, sur les canapés de cuir rouge, frottés ci et là jusqu'à en devenir râpés comme une peau blessée, ou bien debout au bar, immobile, une coupe mauve à la main aux effets iridescents, comme sur des remparts, nous voyons s'échouer en bas la fin de la vague de la nuit, qui vient lécher les orteils et exciter les sens. Nataliana dans le taxi arrêté devant chez elle dessine son nom secret sur les vitres embuées. Agrippées par l’émail, des perles de connections enfilées le long de ce qui est tout à relier jusqu’à la pendule du sens à rebours. Je ne cicatrise plus.
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Bande son idéale: Yuksek - Tonight (Radio edit)